Le dimanche 20 juin 2004, malgré un temps automnal, nous avons pu enfin remettre en place la borne romaine au Col de l’Avenaz, témoignage de notre Histoire qui a traversé près de 2000 ans. Voici le compte rendu de cette journée paru dans le Dauphiné Libéré de la Haute-Savoie du 4 juillet 2004.

« (…) Ces terres d’alpages ont été pendant des siècles l’objet de toutes les convoitises. De nombreux procès, chicaneries, conflits à leur sujet ont émaillé l’histoire des communes de Cordon et La Giettaz. Remettre en place, ensemble, cette limite géographique revêtait donc un aspect très symbolique. Les caprices de la météo avaient contraint les deux associations du patrimoine à reporter une première fois cette manifestation en octobre dernier. Alors, foi de Savoyard, ce n’est pas un brusque coup de froid qui allait remettre en cause un si beau projet.

Bien sur de nombreuses personnes ont renoncé. Mais les participants n’ont pas regretté. Quelle énergie a été déployée pour arriver à ce résultat. D’abord il a fallu soulever la pierre pour l’encorder et même l’entortiller de cordes. Vite, un peu de potion magique ! Puis les maires des deux communes, Serge Paget et Didier Porret et de nombreux volontaires, Benjamin Porret en tête en dépit de ses quatre-vingt sept printemps, se sont attelés et l’ont hissée jusqu’à l’emplacement exact qui avait été soigneusement délimité sur les indications d’un géomètre.

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Là, Christiane Boeckolt, entourée des édiles et membres des associations, a présidé à la réimplantation. Elle a d’abord rappelé que pour les Romains les bornes étaient en quelque sorte des dieux et que des rites précis étaient liés à leur installation : d’abord allumer des bâtons d’encens autour du trou puis jeter dedans des fleurs, des fruits, ensuite sacrifier un animal. Enfin arroser le tout d’une huile parfumée, à laquelle on mettait le feu. Puis, clin d’œil à l’histoire, elle s’est improvisée grande prêtresse et a procédé au rite avec des fleurs des champs, une pomme et une cerise, un simulacre de sacrifice. La pierre pouvait être glissée dans son logement. Mais ce n’était pas tout. L’inscription commémorant la délimitation des territoires viennois et ceutrons a été prononcée, en latin s’il vous plaît ! Puis en français quand même.

Pour finir, du charbon de bois a été répandu autour de la pierre et un voile blanc l’a recouverte. Cette cérémonie a pris ainsi un relief un peu surréaliste à la veille du solstice d’été qui comme chacun le sait était fêté d’importance par les païens. Quand on sait qu’il reste une dizaine de bornes à retrouver le long de la ligne de crête… Ils sont fous ces Savoyards ! La journée s’est poursuivie sur l’alpage de l’Avenaz chez M. Vidal où les participants frigorifiés ont trouvé chaleur et abri pour partager le casse-croûte. (…) »

En collaboration avec l’association « Cordon d‘hier pour demain », une brochure de 32 pages couleur, « Des Bornes Romaines aux Alpages » a été éditée et vous est proposée au prix de 9€ (5€ pour les adhérents). Elle est disponible à l’Office de Tourisme.