Au mois de janvier 1557, Pierre MORET dit Perolet, habitant de LA GIETTA, pais de Faucigny, obtient des lettres de grâce de François de Lorraine, duc de Guise [1] gouverneur et lieutenant général pour le roy en ses pais de Dauphiné province et duché de Savoie pour les faits suivants :
Pierre MORET « … se trouva à soupper audit lieu de La Gietta en la maison et logis d’ung nommé Michel ALYE hoste [2] dudit lieu, et ayant aussi soupé avec la compaignie et eulx voulant encore aller boyre ou faire collation en la maison d’ung leur amy se sortirent de ladite maison environ l’heure de huict à neuf du soir de laquelle sortit ledit Pierre MORET le dernier après les aultres et les laissant aller devant, regarda d’ung costé de la rue sans aucun mal penser, en quoy faisant, veid en ung des endroitz de ladite rue ung homme que lors de prime face il ne cognaissoit pour ce que le temps estoit obscur devisant avec deux ou trois femmes de ladite rue, duquel homme à luyncogneu et desdites femmes s’aprocha le dit MORET d’assez prés et estant ainsi prés, cogneust que estoit ung nommé Michel PETEL dit potier dudit lieu, lequel portait espée et dague, duquel et desdites femmes, estant ledit MORET ainsy aproché ledit Michel Petel qui estoit fasché, comme est à présumer de ce que semblables parolles « tu me pousses… », à quoy respondit ledit Pierre MORET « non faiz ».
Lors, sans aultres parolles ny querelles, ledit Michel PETEL desgaina sadite espée en intention d’en frapper et meurtrir ledit MORET, comme il en monstroit les effectz. Lequel Moret se voyant ainsi pressé, n’ayant aucune espée pour se deffendre sinon une dague appellée à la manière du lieu daguette, laquelle il avait de coustume porter ordinairement, et prévoyant que s’il se fust mis en fuitte il eust esté en dangier d’estre grandement blessé par derrière ou aultrement, tellement qu’il fust lors esmeu de s’approcher dudit Michel Petel ce qu’il feist et s’aprochant par forme de deffense, dégaina sadite dague et se joignit si prés dudit Michel PETEL qu’il luy donna ung coup de sa dite dague en se défendant duquel coup ledit Michel PETEL se trouva blessé en l’estomac au milieu de la poitrine jusque à grand effusion de sang de sorte que au moyen dudit coup ledit Michel PETEL à faulte de bon et prompt appareil [3] servit décédé environ quatre ou cinq jours après comme luy est venu à notice, occasion de quoy informations l’auraient contre luy prises parles officiers de Flumet en faucigny… ».
Pierre MORET, convoqué pour comparaître devant le juge, craignant « rigueur de justice » s’enfuit et préféra demander sa grâce en plaidant la légitime défense et sa bonne notoriété, grâce qui lui fut accordée.
En 1561 dans le dénombrement effectué paroisse par paroisse pour la gabelle du sel, on retrouve :
- Michel ALLIER ou ALYE toujours hoste, demeurant avec sa femme Maria et sa servante Jenettaz
- Pierre MORET dit perolet est revenu vivre à La Giettaz où il habite avec sa femme Michele et ses six enfants.
[1] de 1536 à 1559, le duché de Savoie est sous occupation française
[2] celui qui tient auberge ou cabaret
[3] ensemble de soins pour le pansement des plaies