Après la publication des bans, « la criée » trois dimanches de suite, le mariage pouvait avoir lieu si aucun empêchement n’était signalé. Ces jours de publication, pour échapper à la curiosité publique, les fiancés allaient le plus souvent à la messe dans une paroisse voisine.
Les mariages entre cousins, assez fréquents, nécessitaient une autorisation spéciale de l’évêque.
Le costume de la mariée
Jusque vers 1907, la mariée portait la coiffe blanche dont les rubans étaient soit attachés sur le côté droit, soit laissés pendants dans le dos. Autour de sa taille, et par dessus son tablier, était noué un long et large ruban blanc, bordé de franges ou de dentelles, appelé « chan ». Quand elle ne portait pas de châle blanc (habituellement sans franges), un bouquet de fleurs d’oranger était accroché sur sa poitrine, du côté droit.
A partir de 1908 environ, le voile de tulle et la couronne de fleurs d’oranger ont remplacé la coiffe. La mariée ne portait plus ni châle ni tablier. Par contre, elle avait toujours la ceinture blanche et le bouquet de fleurs d’oranger. La jupe, longue jusqu’aux chevilles, était ornée de « baigneuses ». La « taille » (ou corsage) était de plus en plus ouvragée : bouts de manches et plastron de dentelles blanches, galons de perles… La mariée portait autour du cou un long sautoir, resserré sur la poitrine par un passant, l’extrémité étant placée dans la ceinture (pour le port éventuel d’une montre). Vers 1920, la ceinture blanche n’était plus portée, et c’est aux environs de 1925-1926 que la robe blanche apparaît.
Le costume du marié
Au fil du temps, il n’a pas beaucoup évolué pantalon, gilet, veste et chapeau noirs, chemise blanche avec noeud papillon de même couleur. A la boutonnière de son gilet était accrochée la chaîne de sa montre en or, celle-ci étant dissimulée dans la poche du gilet. Sur le côté droit de sa veste, il portait, comme son épouse, un bouquet de fleurs d’oranger.
Les invités
Chacun des imités à la noce portait sur sa poitrine un bouquet de fleurs d’oranger, cependant plus modeste que celui des mariés et, contrairement à eux, du côté gauche. Ce bouquet fut remplacé vers 1930-1935 par un croisillon de rubans blancs.
Au domicile de la mariée
Les invités se retrouvaient le matin, au domicile de la future mariée, pour un petit déjeuner copieux, disons même un repas : rôti, carottes aux raisins, rissoles, beignets… La jeune fille était cachée et son futur époux, aidé de quelques garçons et filles d’honneur, devait la chercher. Les convenances voulaient qu’on la trouve en pleurs. Par ces larmes abondantes, elle devait montrer la peine qu’elle éprouvait à quitter sa famille.
Départ pour la mairie et l’église
Du domicile de la jeune fille jusqu’à la mairie et l’église, les mariés étaient accompagnés par leur famille, en cortège : En tête, le violoneux, suivi de la mariée qui était conduite au bras de son parrain. Le marié, quant à lui, fermait le cortège, accompagné de sa marraine. Le violoneux jouait pendant toute la durée du trajet, quelquefois en ’’ chantant des airs appropriés tels que
« Pleura, pleura, ma poura époueusa
Va, va, tsaré bin maleureusa
Tèré, tèré tozeur preu d’yeuvra… «
Cependant, toute musique devait cesser à l’approche du cimetière.
La messe
Le marié devait acquitter les honoraires de messe au curé (24 Sols en 1788), mais il devait aussi rémunérer le « marguillier » ou « clerc » qui carillonnait.
Si la mariée attendait un enfant et si sa grossesse était visible ou connue, elle devait se présenter à l’église avec « lé stôsse », c’est-à-dire un morceau de bois attaché à son pied, comme si elle traînait un boulet. Une seule personne nous a parlé de cette coutume. Si elle est authentique, elle doit, sans doute, être très ancienne.
Plus récemment, si les époux avaient mis la charrue avant les boeufs, ou, disait-on : « s’ils avaient fait Pâques avant les Rameaux », la mariée était privée de voile, de couronne de fleurs d’oranger, et le mariage avait lieu sans cloche.
A la fin de la messe, les enfants se précipitaient pour recevoir quelques friandises ou quelques sous, distribués le plus souvent par le parrain et la marraine. Puis avait lieu la traditionnelle photo de famille, du moins depuis le début des années 1900, avec le maire qui était toujours invité aux noces. Avant de se rendre au domicile du marié pour le repas, on ne manquait pas de faire la tournée des cafés.
Nous voulons vous faire part d’une annotation du curé Joseph COLLOUD, datant de 1770 :
« Dans les mariages, on avait coutume de jouer du violon dans l’église et d’y faire je ne sais quels compliments à l’épousée. Je les ai détruites comme des manques de respect au très saint Sacrement. Il ne faut pas les laisser renaître. Les prêtres assistent rarement aux noces et on y permet ni chanson lascive, ni danse entre personnes de différent sexe ».
Le repas au domicile du marié
Le repas de mariage était, le plus souvent, organisé par la famille de l’époux, dans la maison paternelle. On s’y rendait en cortège. Mais avant de pénétrer dans la maison, la mère de l’époux se mettait sur le pas de la porte pour accueillir sa bru. Elle lui remettait une « poste » (louche), ou un « poston » (poche à écrémer), ou une « r’masse » (balai), ou quelquefois une tasse de bouillon, pour lui signifier le travail qu’elle aurait désormais à accomplir dans sa nouvelle demeure. Elle l’acceptait en signe de soumission, car il est hors de question que deux femmes prennent le commandement dans une seule maison : « k’na féne pe k’maclye » (qu’une femme par « crémaillère » ou par « feu »).
Lorsque les formalités étaient accomplies, on pouvait passer à table. Au menu : du pot-au-feu ou de « la piéssa farchâ » (poitrine de mouton farcie de farcement). Pour le dessert, on réalisait un « gâteau de bougnettes en torse » : Une fois étendue, la pâte à beignet était coupée en lamelles ; celles-ci étaient déposées, en rond, dans un petit « bron » ou marmite, et cuites à l’huile. Ce dessert fait de beignets entremêlés était sorti délicatement de la marmite et posé sur la table. Les mariés, ou à défaut deux invités, placés de part et d’autre de la table, se prenaient la main et donnaient un léger coup de poing sur le gâteau pour le briser. Les morceaux pouvaient alors être distribués aux convives.
« Lou foré »
Au cours du repas, les mariés offraient « lou foré » à leurs frères et soeurs respectifs plus âgés qu’eux et demeurés célibataires. C’étaient, le plus souvent, des fanes de haricots.
« Le croston »
Les jeunes époux offraient aussi « le croston », soit un croûton de pain sec, au couple de fiancés qui seraient les prochains mariés.
« La barrière »
Lorsqu’une Giettoise choisit son mari dans une commune voisine, la coutume veut qu’au moment où elle s’apprête à quitter son village les garçons de son âge fassent une « barrière », en tendant un ruban en travers du chemin. L’époux est alors contraint de payer à boire à ces jeunes jaloux pour que la barrière soit levée.
« Le charivari »
Quand il s’agissait du mariage d’un veuf ou d’une veuve, les jeunes du village et tous ceux qui souhaitaient se joindre à eux, se réunissaient quelques jours avant la date de la cérémonie, de nuit, sous les fenêtres de son domicile, munis de tous les ustensiles et outils susceptibles de faire du bruit (crécelles, cloches, casseroles, etc…). Pour faire cesser ce vacarme, le veuf ou la veuve était contraint de leur payer à boire. Cette bruyante manifestation pouvait se renouveler jusqu’à deux ou trois fois avant le mariage.
Les Relevailles ou « Bénédiction des accouchées »
« Les Relevailles » avaient lieu dès que la jeune mère pouvait se mettre sur pieds. Elle ne pouvait rendre visite à quelqu’un sans avoir été bénie. Sa première visite était donc l’église où, la tête recouverte d’un voile, elle était accueillie par le prêtre qui lui donnait sa bénédiction.
Le curé COLLOUD note en 1788 : « On fait baiser les reliques aux femmes accouchées après les avoir bénies ».
A l’occasion de ces « Relevailles », elles donnaient une offrande au curé, à l’exemple de Marie qui, le jour de la Purification, avait apporté une paire de tourterelles. Si, anciennement, cette offrande consistait à donner une certaine somme d’argent (6 Sols à la fin du XVIIIème siècle), par la suite les femmes prendront l’habitude d’apporter beurre et tommes.