Les travaux des champs, les veillées de bois, de mécanique, les foires, ou tout simplement les rassemblements religieux (messes, processions, pèlerinages) étaient autant d’occasions de rencontre pour les jeunes gens, et d’appréciation réciproque. Le curé COLLOUD précisait en 1788 : « les jeux, les danses sont entièrement bannis… On ne peut pas en dire autant des veillées, ni de la familiarité entre les personnes de différents sexes, cependant il est très rare qu’il en résulte des actions scandaleuses ».
Après le temps des fréquentations, venait celui des déclarations et de la promesse de mariage. Le prétendant se rendait au domicile du père de la jeune fille, seul ou accompagné de son propre père s’il était un peu timide, pour faire sa demande officielle. Il apportait généralement une bonne bouteille pour favoriser les échanges. La discussion était sérieuse : on parlait de terres, de bétail, et de dot. L’accord était conclu par la constitution de la dot : Le père de la jeune fille (ou ses frères lorsque le père était décédé) s’engageait à verser une somme d’argent aux futurs mariés, à laquelle s’ajoutaient une ou deux têtes de bétail, quelques habits dans un coffre en bois et un tour à filer… Le futur mari promettait alors d’ajouter « l’augment », une somme d’argent égale à peu près à la moitié du montant engagé par le père. Les échéances du règlement étaient définies. Tous les termes de ce contrat dotal étaient enregistrés par un notaire.
La date du mariage était fixée en tenant compte des travaux des champs et en évitant l’Avent et le Carême. La période de prédilection était le mois de novembre, les jours préférés étant le samedi ou le jeudi. Puis la future mariée occupait son temps à la préparation du trousseau ou « trossé ».
Quelques temps avant le grand jour, les futurs époux, seuls ou accompagnés de leur famille, se rendaient en ville pour « levâ lou biau », « lever les beaux », c’est-à-dire acheter les costumes ou tissus nécessaires à leur confection. C’était aussi l’occasion pour le jeune homme de « ferrer l’épouse », c’est-à-dire d’acheter les bijoux en or qu’il offrirait à sa femme le jour de son mariage : une alliance, des boucles d’oreilles et surtout un sautoir et une croix (Il s’agissait souvent d’une croix Jeannette). Une dépense importante qui avait nécessité de sa part de gros sacrifices. Certains jeunes de familles pauvres ont mis plusieurs années pour payer les frais occasionnés par leur mariage. Il n’y avait pas d’alliance pour le mari, son seul bijou étant la montre en or qu’il cachait dans la poche de son gilet.
Quelques jours avant le mariage, le jeune homme enterrait sa vie de garçon en compagnie de ses amis et « classards », en faisant la tournée des cafés.