Après le travail de la lessive, nous vous proposons de découvrir dans cette gazette et dans les prochains numéros, le compte-rendu de nos recherches sur les diverses traditions « du berceau à la tombe » qui a été réalisé suite à la rencontre du 6 février 1996 chez Mme Fernande BIBOLLET. Cette étude n’est bien sûr pas exhaustive. Toutes remarques ou complémcnts d’informations pouvant la parfaire seront les bienvenus.

La naissance

L’accouchement avait lieu habituellement au domicile de la parturiente. C’était une femme du village réputée pour son talent qui tenait lieu de sage-femme. En général, tout se passait bien. On note cependant de nombreux cas d’enfants morts nés, notamment jusqu’au milieu du XIXème siècle, et quelques décès de mères dûs à un manque d’hygiène et à la fièvre puerpérale.

Le curé COLLOUD note en 1788 : « Il y a dans la paroisse deux sages-femmes qui n’ont été instruites et approuvées que par moi seul. Elles en font la fonction quand on les demande. Mais comme autrefois il n y en avait point d’établies, les.femmes se rendaient service les unes aux autres et cela se pratique encore assez.fréquemment malgré toutes mes représentations, tant il est difficile de détruire les coutumes. »

Au moment de l’accouchement, toute présence masculine ou enfantine était écartée. La sage-femme, qu’on appelait aussi mère sage, n’oubliait pas de passer le doigt sous la langue du nouveau-né pour lui couper le « felè » ou « filet », c’est-à-dire le frein de la langue qui aurait pu lui occasionner, par la suite, des problèmes de langage. La mère nourrissait son enfant le plus longtemps possible afin d’éviter une nouvelle grossesse.

Quand l’accouchement avait lieu après la pleine lune, on disait que le prochain enfant à naître serait un garçon. Si c’était avant, ce serait un fille. On disait aussi qu’il fallait que la lune tourne avant trois jours pour que le bébé suivant change de sexe.

Le bébé, à sa naissance, était généralement ondoyé à la maison par la sage-femme. Cet ondoiement avait bien-sûr valeur de Sacrement : L’enfant ondoyé était bel et bien baptisé, mais sans les cérémonies. Le baptême conféré par le prêtre à l’église n’était qu’une solennité.

Le Baptême

II avait lieu généralement le lendemain ou au plus tard 3 jours après la naissance. L’enfant était conduit à l’église, couché dans son berceau, « le bré », et porté sur l’épaule par le parrain : du côté droit pour un garçon, du côté gauche pour une fille. Vers 1920, le bébé était porté sur un coussin recouvert du voile de la mariée. Quelque soit son sexe, il était vêtu d’un bonnet blanc et d’une robe de baptême longue et blanche en dentelles.

Les familles devaient parfois parcourir un long trajet pour se rendre à l’église et il est arrivé, en raison du froid, que cette sortie prématurée ait entraîné la mort du nouveau-né.

Le parrain et la marraine devaient être des personnes de bonnes moeurs, pieu. : et d’âge raisonnable. Le plus souvent, le choix se portait d’abord sur les grands parents, puis sur les oncles et tantes, ou sur les frères et soeurs. Une seule condition pour ces derniers : Qu’ils aient fait leur « communion privée ». Dans le cas de jumeau. :, des personnes étrangères à la famille se dévouaient pour être parrain et marraine du deuxième enfant. On donnait généralement à un garçon, comme deuxième prénom, celui de son parrain et à la fille celui de sa marraine. Dans les temps très anciens, on privilégiait le prénom de Pierre, saint patron de la paroisse, à tel point que plusieurs membres d’une même famille pouvaient porter le même prénom. Dans les années 1600, on trouve un Pierre GIGUET dit MILLET habitant « Creyvacoeur » fils de Pierre, lui-même fils de Pierre, lui-même fils de Pierre. Quelquefois, deux frères possèdent ce prénom : Pierre l’aîné et Pierre le jeune. Plus récemment, des cas semblables se sont renouvelés et pour les distinguer. on avait recours aux surnoms.

A l’occasion du baptême, le « marguillier » ou « clerc » était rémunéré par le parrain pour sonner le carillon. Les enfants illégitimes ou qui naissaient dans les sept mois suivant le mariage étaient baptisés habituellement de nuit et privés de carillon. Dans ce cas, c’était souvent la personne qui avait aidé la jeune mère à accoucher qui tenait lieu de marraine. Au retour de l’église, un repas simple à la maison réunissait la famille et les parrain et marraine.